Pourtant nous râlons tout le temps, exprimons constamment notre insatisfaction et notre peur du lendemain, pestons contre un monde déshumanisé et déshumanisant, au point que nous nous retournons souvent vers un passé idéalisé heureux que nous opposons à un présent malheureux.
Parce que de quelques centaines de milliers d'habitants, la planète est passée à sept milliards aujourd'hui, et onze milliards en 2050.
Parce que la vie autrefois en petits groupes solidaires et organisés se déroule aujourd'hui dans des mégalopoles monstrueuses, où règnent inégalités, violence, misère, inconfort, pollution, difficultés de se mouvoir, solidarité en berne, et perte de contact avec la nature. C'est le règne du chacun pour soi, du "marche ou crève", où l'autre est un concurrent ou un ennemi, et presque toujours un danger.
Parce que l'urbanisation galopante crée un enfer pour une part toujours plus grande de la population, sous l'effet des bouchons, lot de toutes les grandes villes du monde, des bidonvilles où s'entasse la misère du monde, et qui en entoure un grand nombre, et pour les plus favorisés, des heures perdues dans les transports collectifs ou individuels. L'air y est devenu dangereux à respirer. Les habitants ne s'y connaissent pas, on peut y mourrir sur les trottoirs dans l'indifférence des passants, pour qui l'inconnu engrange un réflexe de peur.