Le rêve européen est brisé, comme celui d'une société mondiale.
Pourtant les virages souhaitables ne pourront être pris qu'avec la collaboration du monde entier. Aucun pays isolé, même le plus grand, ne peut inverser la courbe du monde. Le capitalisme est mondial, il est le système économique choisi, de gré ou par nécessité, par le monde entier. Modifier seul la règle du jeu, c'est s'exclure du jeu, et risquer de se ringardiser et de disparaitre. Les réglementations commerciales et financières nécessaires à un monde plus sain, plus éthique, plus généreux, ne peuvent s'envisager que mondialement. On en est encore bien loin, à un moment bien bizarre de l'histoire où on voit renaître un nationalisme égoïste et guerrier qu'on pouvait penser à jamais rangé dans la malle des idées périmées. L'ONU est moquée par tous, l'Europe se délite et ne fait plus rêver grand monde, quand elle n'agit pas même comme repoussoir.
Nombreux sont ceux qui aspirent à changer le monde, mais ne veulent pas d'autorités supranationales. Pourtant rien ne changera si on ne s'accorde pas à changer ensemble. Le repli sur soi derrière des frontières présumées protectrices est une illusion, le bon vieux temps, si tant est qu'il ait jamais été bon, ne reviendra pas par le miracle des douaniers.
Les mentalités doivent changer, le pouvoir des multi-nationales doit être mâté, les coopérations supranationales doivent faire naître de nouvelles règles et des bonnes pratiques. On est entré dans une période où on fait le contraire. Et comme toujours, c'est quand la catastrophe nous mettra au pied du mur qu'on réagira.
D'ici là, chacun dans son coin continuera à tirer la couverture à soi, pour son emploi, pour plus de salaire, pour plus de dividendes, de retraite chapeau et de stock-options, pour plus de pouvoir, plus de puissance, pour plus de gloriole.
Bonne année quand même.