Ces débats qui agitent les opinions ne sont pas encore totalement dans les têtes des politiques, trop fermés au monde réel dans les lambris dorés des palais de la république, et trop frileux pour oser s'attaquer aux représentants les plus féroces du capitalisme financier mondialisé.
L'essentiel du débat aujourd'hui n'est plus entre la gauche et la droite, qui sont dorénavant d'accord sur le fond, et appliquent les mêmes programmes, avec la même inefficacité, quand elles sont au pouvoir.
La vraie question est entre l'extême droite et le reste des partis: la France doit-elle rester dans l'Europe, et dans quelle Europe, ou doit-elle se renfermer derrière des barrières douanières protectrices, même au prix de quitter l'Europe?
Là est le vrai débat, s'engagera-t-il en ces termes au second tour des présidentielles. La question aurait paru surréaliste il y a encore quelques mois. Mais la montée en Europe de tous les populismes, le choix des britaniques du Brexit, les tirades anti-européennes de Trump, rendent maheureusement la question d'une actualité brûlante.
L'Europe est attaquée de toutes parts, et peu de voix s'élèvent pour la défendre. Et ceux qui le voudraient le font bien timidement, de peur que ce ne soit pas porteur de suffrages. Face à des hommes politiques convenus et formés au même moule, les populistes ont perçu, avant les autres, le mécontentement des peuples qui s'estiment floués parce qu'ils ne profitent pas justement des fruits de leur travail. Le coupable pour eux, c'est la concurrence internationale et l'absence de barrières douanières que l'Europe a encouragée. Alors que renaissent les droits de douane, et haro sur l'Europe!
L'Europe est bancale, imparfaite, incomplète, en panne, irritante. Mais elle existe, et a mis des décennies pour être ce qu'elle est. Face à des puissances comme les EU, la Chine, l'Inde, et d'autres, c'est un pari fou que de jouer le solo contre l'union. Il est difficile de démontrer que pas d'Europe serait mieux ou moins bien que la situation actuelle. Mais le risque de démollir ce qui a été si dur à construire, et qui a tant fait rêver, est un risque insensé. L'Allemagne avec son économie forte et sa balance commerciale excédentaire ne risquerait rien à le prendre. Mais les autres?
A l'heure où tous les problèmes se mondialisent, il serait insensé que les pays d'Europe se referment sur eux-mêmes. Cela ne fera pas revenir chez eux les industries disparues, et cela accélèrera leur obsolescence.
La réponse aux grands problèmes du monde n'est pas "moins d'Europe", mais au contraire "plus d'Europe". Le débat électoral n'est plus entre capitalisme et socialisme, celui-ci a été battu par KO, mais entre isolement à l'abri derrière ses frontières ou présence dans l'arène, mais protégée par une Europe à construire plus bienveillante et soucieuse dl'intêrêt de ses habitants.
On en est loin pour l'instant.