Quelles raisons d'espérer?

Le 27/06/2022

Dans Humeurs

EspererLa société capitaliste craque de partout, et l'incertidude a pris la place de l'espoir. Les espérances d'hier sont devenues sujets d'inquiétude, et l'avenir désormais inquiète faute de savoir le prévoir.

 

Les sujets d'inquiétude sont nombreux, qui remettent en question les espérances nées du siècle des Lumières, et celles nées du cataclysme de la seconde guerre mondiale, où la volonté du "plus jamais ça" voulait mettre l'intérêt de l'Homme au centre du monde.

 

Le profit avant l'homme

 

Le profit a remplacé l'homme.

Avec la mondialisation et la financiarisation, le système capitaliste a accentué l'exploitation de l'homme par l'homme décrite par Karl Marx.
L'obsession de profits toujours plus forts a brisé l'espoir d'une société plus juste, a fait perdre au travail une grande partie de son sens, a rendu inattractif bon nombre d'emplois.  
Délocalisation dans les pays pauvres, maintien des bas salaires au minimum vital dans les pays riches , recours à la main d'oeuvre immigrée peu revendicative, spéculation sur tout ce qui peut rapporter de l'argent, hausse sans fin de la productivité, sont l'arsenal des outils des directions générales pour des profits en hausse perpétuelle au bénéfice principal des actionnaires et des hauts dirrigeants. 
L'augmentation sans limite des profits, permise par l'accroissement de la productivité, c'est à dire par les efforts de tous, a fait exploser les dividendes et les rémunérations des hauts dirigeants, quand plus de 60% des salariés voient leurs salaires progressivement rattrapés par les minima sociaux et les seuils de pauvreté, dont le SMIC n'est plus guère éloigné.

https://basta.media/Allo-Bercy-CAC40-encore-des-millions-dans-les-poches-des-patrons-des-grandes-entreprises-francaises

 

La mondialisation en question

 

Au niveau de la planète, la mondialisation idéale mise en avant par l'OMC a trouvé ses limites.
La spécialisation mondiale des activités fait craquer la logistique des transports, dont le coût et les délais ont explosé, avec des conséquences sévères sur les délais de production, les prix de revient, la disponibilité à la consommation.
La crise du Covid, la guerre en Ukraine, la crise de l'énergie, ont montré notre dépendance aux pays étrangers, et notre dangereuse vulnérabilité en cas de crises.
Le décalage entre espace économique, mondial, et politique, national, a affaibli les pays développés qui dépendent des pays en développement non seulement pour les matières premières, mais aussi les produits manufacturés même les plus en pointe comme les médicaments, les ordinateurs ...
Cette politique a permis le maintien du pouvoir d'achat malgré la stagnation des salaires. Le retour en arrière aura un coût social très fort. 

 

 

Le climat bouche l'avenir

 

En même temps, le doute s'insinue dans toutes les têtes sur la pertinence du modèle économique mondial et la crainte qu'il aboutisse à la destruction de la planète. Il est loin le siècle des Lumières et de la foi en l'avenir. La peur l'a remplacé, peur de la maladie en mangeant nos produits lyophilisés, conservés, trafiqués, gorgés de pesticides, colorants, édulcorants, conservateurs, ..., peur de la sécheresse, des canicules, des tsunamis et autres tourments climatiques. Peur tout simplement de la disparition de la vie, d'abord animale, largement entamée, bientôt humaine.

Le progrès technique, source d'espérance autrefois, a trop souvent été récupéré par les marchands pour produire des produits qui méprisent la vie. De moins en moins nombreux sont ceux qui aujourd'hui croient encore que le progrès puisse être porteur d'un monde meilleur.

La croissance n'est plus la panacée à laquelle on croyait. La décroissance est débattue, mais qui peut croire qu'elle puisse apporter du bonheur ? 

 

Guerre et fanatisme religieux

 

La réapparition de la guerre en Europe, région du monde censée être la plus éduquée, met à bas les valeurs dont elle se flatte bien abusivement. 
Les blocs géopolitiques réapparaissent, les relations se tendent, le multi-latéralisme est remis en question, la démondialisation économique et politique est en marche. Les guerres froides et chaudes font leur retour, et l'hypothèse jusqu'ici improbable de l'utilisation de l'arme nucléaire n'est plus écartée par personne.
Le tableau serait incomplet si on n'évoquait pas le fanatisme religieux qu'on avait cru à jamais éteint. Il règne en Iran, Afghanistan, Moyen-Orient, avec plus ou moins de sincérité, mais aussi aux EU où les vieux mâles d'extrême-droite de la Cour Suprême sont revenus sur la loi permettant l'avortement, mais aussi dans tous les pays du monde où l'islam se veut impérialiste voire terroriste, où l'hindouisme devient raciste, loin de son image de zénitude, où le christianisme tente de renverser son déclin inéluctable par un retour aux vieilles croyances.

 

Quelles raisons d'espérer ?

 

Pendant ce temps-là, Emmanuel Macron se focalise sur l'allongement de la durée du travail, Marine Le Pen sur l'immigration, Jean-Luc Mélanchon sur les vilains américains auteurs de tous les maux.
Tous s'accordent sur l' objectif démagogique de baisse des impôts, alors que des besoins immenses apparaissent en matière de santé, justice sociale, environnement, climat, justice et sécurité, enseignement, défense ...

Pendant ce temps-là les très grandes entreprises achètent et vendent des entreprises comme d'autres des pots de yaourt, organisent, réoorganisent, désorganisent, délocalisent, spéculent, distribuent, et démotivent les salariés au point que la valeur travail s'effondre, tandis que les profits croissent toujours et encore aux seuls bénéfices de quelques uns, dirrigeants et actionnaires.

Alors que les solutions aux problèmes ne peuvent qu'être mondiales, le nationalisme qu'on croyait mort reprend partout des couleurs. "Le nationalisme, c'est la guerre" disait Mitterrand. On y est en Europe. Bientôt en Asie ?

Où sont donc les raisons d'espérer ?