Le rachat de Carrefour par Couche-Tard n'a qu'un seul but, et il est financier. Il est pour les dirigeants et actionnaires d'espérer vendre leurs actions - distributions gratuites, stock-option - à un bon prix. D'ailleurs le titre a augmenté de 15% en une journée, et diminué d'autant et aussi rapidement dès l'annonce du refus du gouvernement français.
L'intéressé n°1, c'est Bernard Arnault, dont le groupe a pris 14% des actions en 2010, et qui n'a pas réalisé les profits qu'il escomptait. Sa valeur ajoutée a été nulle, engageant Carrefour dans la vente de son secteur "hard-discount (filiale Dia) et d'une part de son patrimoine immobilier. Il n'a pas convaincu les investisseurs, qui n'ont pas apprécié que l'intérêt financier de l'actionnaire prévale sur une vision stratégique à long terme.
En un mot, Bernard Arnault est collé depuis dix ans, et même si son acquisition a été effectuée à un prix unitaire plus près de 30€ que de 20€, il préfère se couper la main que le bras.
Le pdg de Carrefour, Alexandre Bompard, montre là son vrai visage : celui d'exécutant des desiderata de Bernard Arnault, non celui d'un président attaché à assurer l'avenir du groupe qu'il est censé diriger pour la durée.
Le canadien réalise quant à lui une opération de diversification, visant à dégager des dividendes, puis une belle plus-value dans quelques mois, au moment de la revente, profitant ainsi d'un cours de titre jugé bas.
Les salariés n'avaient rien à en espérer, pas plus que les fournisseurs français, ni l'entreprise, puisqu' aucune réelle synergie n' existe entre les deux groupes.
Echaudés par les expériences passées, peut-être que nos gouvernants ont cessé de croire au Père Noël. Et cessé aussi de faire confiance aux seuls dirigeants des grands groupes, mercenaires de luxe aux visions industrielles défaillantes, prompts à vendre l'entreprise qui les emploie au premier venu pourvu qu'ils en tirent un bon prix pour leurs actions personnelles.
Là comme souvent, actionnaires, dirigeants, banquiers conseils auraient été les seuls à tirer profit du rachat. Espérons que c'est cette vision-là qui a été rejetée par Bruno Le Maire.