Les soutiens apportés aux économies sont uniques dans l'histoire. Les montants sont abracadabrantesques, la logique économique est balayée, tous les paramètres qui ont guidé les politiques monétaires, budgétaires, fiscales de l'ensemble des Etats explosent. Aucun économiste, même le plus imaginatif, n'a jamais imaginé une telle situation. On va voir exploser les déficits budgétaires, les financements des banques centrales, sans doute va-t-on voir apparaître la monnaie hélicoptère. Que va-t-il ressortir de tout cela ? Comment les populations comprendront-elles, quand les choses seront redevenues normales, que le déficit est une mauvaise chose, qu'on ne peut pas distribuer de l'argent à tout le monde, même s'il en a besoin? Les Etats vont raser gratis dans les semaines qui viennent. Pourquoi cela devrait-il s'arrêter ?
Il y a beaucoup de râleurs, surtout en France, et tous les ministres et présidents qui sommeillent dans chaque français contestent toute décision prise. Mais il faudra reconnaître qu'Emmanuel Macron a été l'un des premiers à réagir en Europe. Après, il n'avait pas toutes les armes, personne ne les avait, et lui et son gouvernement n'en portent pas la responsabilité. Avec les moyens du bord, ils ont agi en personnes responsables, en sachant prendre conseil et informer les français. Pensons aux pays qui n'ont pas la chance d'avoir un gouvernement responsable (le pire est sans doute le Brésil), et à tous les pays pauvres où 30, voire 40% de la population vivent dans des bidonvilles, n'ont plus de travail, ne seront pas indemnisés car pas repérés administrativement. En Inde, des millions de migrants repartent dans leurs pays, sans un sou, à pied, mal traités par la police, dans le dénuement le plus extrême. Même dans la crise, nous restons des privilégiés, sachons ne pas l'oublier.
La foule en délire des réseaux sociaux accuse les ministres, et même le président, du nombre insuffisant de masques. Cette même foule en délire, emmenée par des députés, des ministres, peut-être même un président, avait cloué au pilori la ministre de la Santé de l'époque, Roselyne Bachelot, parce qu'elle avait constitué un stock de masques très important. Gaspillage, avaient hurlé les loups, dilapidation des fonds publics, surenchérissaient-ils. Et la ministre d'être traduite en justice, vilipendée par la Cour des Comptes, et évincée de son ministère.
Alors, que ceux qui hurlent aujourd'hui réfléchissent un peu. Dans quel camps étaient-ils, ou auraient-ils été, en 2010 ? Car à cette date, pas grand monde soutenait la ministre !