L'histoire de l'homme sur terre est jalonnée de pandémies qui ont fait des ravages parfois extraordinairement dévastateurs. On n'en parle pas, mais chaque année la grippe tue autour de 10 000 personnes en France. La peste, le choléra, la lèpre ont ravagé villes et campagnes. La grande peste de 1720 a tué le tiers de la population de Marseille, soit près de 15000 personnes.
Notre monde aseptisé et technologique a oublié, et ne pensait plus qu'une épidémie puisse se répandre aussi vite. Surtout, notre rapport à la mort a sans doute changé. Nous vivons avec l'idée que nous ne mourrons pas avant l'âge de 80 ans, que la médecine nous guérira et nous protégera. Et patatras, nous voilà dépourvus comme devant.
Et alors qu'on nous parle de génétique, télé médecine, nano technologies, nous voilà impuissants parce qu'en panne de masques, de flacons en plastique, de cotons-tiges !
Et la peur est mondiale, même si l'épidémie ne l'est pas (encore ?) tout à fait. Elle débouche dans la plupart des pays du monde sur le confinement et l'arrêt plus ou moins large des activités.
Après la mondialisation du commerce et de la production, c'est la mondialisation sanitaire et de la peur. La vitesse à laquelle cette dernière s'est propagée est incroyable, comme sa force qui a imposé l'action même aux plus sceptiques comme Trump et Johnson.
Toujours à l'affût, les médias se sont jetés sur l'épidémie comme la vérole sur le bas-clergé, crachant des statistiques en direct, faisant la une de tout et de rien, transformant en info capitale des événements ordinaires, feignant des reportages en direct pour nous décrire avec des mots ou un ton dramatique à souhait le quotidien des soignants, des caissières de supermarchés, des parents d' enfants confinés.
Ainsi Le Monde titre-t-il sur 884 décès dans les EPHAD, sans relativiser l'info en précisant la durée, le nombre des EPHAD et en rapprochant ce chiffre de celui des morts "habituelles". En voulant à tout prix faire le buz et attirer le lecteur par des unes racoleuses, les médias font l'info, et contribuent largement à créer ce climat de peur.
La peur se diffuse partout. Il est marquant de voir les gens qu'on devrait croiser faire un crochet pour être le plus loin possible de nous. On est tous devenus des pestiférés. Le danger, c'est l'autre, on ne le touche pas, on ne lui parle pas, on ne l'approche pas.
Souhaitons qu'il ne reste rien plus tard de ce sentiment-là.