Dans la nuée des écrits qu'on voit fleurir sur la nécessité d'un monde nouveau, on parle de décroissance, d'économie verte, de relocalisation, de protectionnisme ou précautionisme, d'Etat providence. Jamais on ne lit la nécessité de la revalorisation des bas salaires, jamais on évoque la hausse du smic pour ces derniers de cordée qui sont les maltraités de ces trente dernières années, notamment dans la grande distribution. Emmanuel Macron l'a évoqué, mais la préoccupation semble absente des intellectuels parisiens, confinés dans des appartements confortables et aux ressources financières assurées par leur employeur public.
Tous plaident la fin de la société de consommation, sans chercher à voir que pour beaucoup de français elle n'a guère commencé. Et c'est encore plus criant au niveau mondial.
L'effort premier qui serait à faire, et ce serait un pas fondamental vers ce nouveau monde espéré, c'est la revalorisation de tous les bas salaires, avec l'objectif d'un smic à 2000€ dans les cinq ans, l'abaissement des salaires supérieurs à 15000€ mensuels, une revisitation complète de la politique salariale des entreprises pour une répartition plus équitable. On a vu qu'en cas de crise, la caissière de la superette du coin de la rue est celle qui permet au groupe de tourner, et à la population de s'alimenter. Pourtant, les Leclerc et les Carrefour ne rêvaient il y a peu de temps encore qu'à les remplacer par ... les clients utilisant des machines à scanner !
En second lieu, il faut arriver à s'affranchir des marchés qui, à tort ou à raison, dictent les stratégies des entreprises et aussi des Etats. Le monde d'aujourd'hui, c'est la liberté de circulation des biens et services, des hommes, des capitaux. C'est unique dans l'histoire. Avec le progrès des télécommunications, Internet et les réseaux, la digitalisation, les Etats contrôlent de moins en moins les choses.
La mondialisation a exacerbé la concurrence, la compétitivité devenant le seul objectif des entreprises, prêtes à y sacrifier justice sociale, sens du travail, bien-être, satisfaction du client. Au nom, réel ou fausse barbe, de la compétitivité, on a bloqué les augmentations globales des salaires au profit des seules augmentations individuelles bénéficiant aux cadres, installés ou en devenir. On a supprimé tous les stocks pour gérer la chaîne de production en flux tendus. On en a vu le résultat. On a supprimé une grande part de l'industrie française pour la sous-traiter à la Chine. On a sacrifié les travailleurs français au profit de chinois au coût dix fois inférieur. On a privilégié l'immédiateté au détriment du temps long. On a créé une spécialisation mondiale du travail. On a privilégié la croissance externe, générant des groupes tentaculaires, sans âme, sans stratégie autre que financière, c'est à dire d'enrichissement de l'actionnaire.