C'est tellement vrai que des milliers, bientôt des millions, d'emplois ne sont et ne seront plus pourvus en France. Mal payés, sans reconnaissance sociale, pénibles, il est difficile de recruter aujourd'hui caissières, aides-soignantes à l'hôpital ou dans les maisons de retraite, infirmières, employés du bâtiment, de la restauration, chauffeurs, livreurs, et même des enseignants.
Depuis trente ans, les entreprises privées, comme le secteur public, ont remplacé l'augmentation générale des salaires, qui préservait le pouvoir d'achat, par des promotions individualisées. A ce jeu-là, les derniers de cordées n'ont rien gagné, les augmentations des rémunérations ont été monoplisées par les jeunes cadres à potentiel, les managers servils, les équipes de direction, tous diplômés.
Le fossé s'est tellement creusé que le combler semble impossible. L'immigration a été largement utilisée pour remplir les emplois délaissés. Mais si celle-ci doit se réduire comme l'air du temps semble l'indiquer, alors les entreprises vont se trouver face à un sérieux dilemne : réduire leur activité, ou offrir des salaires en forte augmentation.
Demain la rareté risque de changer de camp. Et pour trouver un garçon de salle, un maçon, une aide-soignante en EPHAD, il faudra doubler le salaire, voire plus.
On paye aujourd'hui le diplôme, on paiera demain la pénibilité du travail et son manque de reconnaissance sociale. Il faut s'y préparer.
La conséquence en sera une hausse des prix, d'autant plus forte que l'immigration se réduira, et que la relocalisation sera effective.