C'est vrai qu'il y a des tous petits Etats qui survivent, et en apparence s'en sortent. A y voir de plus près, s'ils n'ont pas de richesses naturelles et de capacités industrielles, ils recherchent leur salut par des recours à des niches, très peu éthiques. Dumping social, discrétion fiscale, absence de règlementation, ils basent leur salut sur la transgression des règlementations les plus marquantes des progrès de l'humanité.
Ces micro-états se condamnent à être seulement spectateurs du monde, a n'avoir plus aucune influence sur la scène internationale, à n'offrir qu'un avenir terne et frileux aux plus jeunes. Les individus les plus doués de ces pays iront ailleurs satisfaire leurs ambitions de changer le monde, et ces Etats végèteront dans un immobilisme de moins en moins confortable.
Prenos la Catalogne. Certes c'est la région la plus riche d'Espagne, et donc donneuse plus que receveuse. Mais que serait la Catalogne sans l'Espagne? N'est-ce pas le marché espagnol qui a permis la croissance des entreprises catalanes? Ne sont-ce pas les espagnols qui ont fait la fortune de la Costa Brava? N'est-ce pas la capacité de l'Espagne tout entière à appartenir à l'Europe qui a boosté l'économie et agrandi le périmètre d'action des entreprises? La Catalogne est riche certes, mais elle le doit en grande partie à son appartenance à l'Espagne.
Ainsi de la Corse. Elle n'est pas riche, et depuis des décennies ses ressortissants les plus doués et les plus ambitueux sont partis faire fortune ailleurs, dans l'administration continentale ou en Amérique. Mais serait-elle plus riche hors la France? La Corse n'a pas de matières premières, pas d'industrie, trois cent mille habitants seulement, une toute petite Université où certains veulent promouvoir la langue corse. Que peut devenir une telle économie dans une planète mondialisée? Quel pouvoir aura-t-elle pour éviter, non les invasions, on peut penser que le temps en est fini, mais de subir les diktats des autres nations, des multinationales, des grandes institutions? Sans même parler du financement de l'assurance-maladie, des retraites, du chômage, et des administrations régaliennes comme la justice, la police, l'enseignement !
Les peuples évoluent, changent. La peur du changement est de tous les temps, tous les lieux, et le repli sur soi la tentation de tous ceux qui se sentent mal armés pour l'affronter. Pourtant, le repli sur soi est sans aucun doute la condamnation à mort des peuples et de leur culture. La Corse indépendante n'aura ni les moyens ni les capacités humaines à maintenir son niveau de vie actuel, le déclin arrivera très vite, les jeunes partiront, et l'île ne sera plus qu'un musée où on viendra admirer les beaux paysages et les primitifs qui un jour ont refusé de s'ancrer dans le monde.