Le gouvernement n'a pas compris la profondeur du désarroi de nos concitoyens les plus modestes. Il n'a pas compris la blessure et l'injustice profonde perçues par les salariés payés autour du smic, et qui sont incapables de vivre décemment quoique travaillant 39 heures par semaine, quatre semaines par mois. Il n'a pas perçu la pauvreté de ces centaines de milliers de retraités qui reçoivent moins de 1000 euros par mois après des années de travail. Il n'a pas compris tous ces gens de province qui en ont marre de voir tous les services publics et privés (banques par exemple) fuir leurs villes et villages. Il n'a pas compris tous ces petits professionnels qui étouffent sous la paperasse et la suspicion. Il n'a pas compris tous ces français à qui on demande chaque année de payer un peu plus d'impôts, directs et surtout indirects. Chacun est indolore, mais s'ajoutant les uns aux autres, aux amendes de circulation, aux droits de stationnement, indemnités de retard, hausse des péages et des services publics (pour une qualité de service qui souvent se dégrade) font à la longue beaucoup, et donne le sentiment aux français qu'on les prend pour des vaches à lait.
Il n'a pas compris que l'évolution de la société capitaliste vers des riches de plus en plus riches et des travailleurs de plus en plus pauvres était mal supportée par une grande partie de l'opinion. C'est une attidude mondiale, mais notre jeune président qui connaît mal la France n'a pas vu juste en ne s'intéressant qu'à la France qui gagne, innovante et créatrice de start-ups.
Pendant ce temps-là, les riches sont moins imposés, les grandes multi-nationales aussi avec la baisse de l'IS, le CICE, l'évasion fiscale via des sociétés off-shores judicieusement situées. Les grands patrons, les cadres sup, les actionnaires, font fortune, et le gâteau ne va plus rémunérer la masse de ceux qui y contribuent.
Certains, dont je suis, le disent depuis des années, annonçant un grand soir. Le risque n'est pas tant une révolution comme la France en connu un certain nombre, mais l'arrivée au pouvoir de l'extrême droite populiste, qui mettra en avant l'incapacité des gouvernements qui n'ont rien anticipé, rien empêché, et qui saura montrer les faux coupables: l'Europe, le libéralisme, les immigrés, la démocratie.
Vue la confiance que le peuple a désormais dans les hommes politiques, est-il encore temps de l'empêcher ? On a mille raisons d'être inquiet.