A chaque crise, on culpabilise un peu, on se dit que la crise a pour cause notre folie. Alors on prend de belles résolutions, "plus jamais ça", et on rêve d'un nouveau monde.
Seulement, qui est "on" ?
Des intellectuels plus ou moins bien installés dans la société, écrivains reconnus ou professeurs des Universités, aux emplois cossus, stables et bien rémunérés. Ou des reponsables d'ONG, militants écologistes qui en profitent pour sortir de l'ombre, ou d'anciens responsables qui trouvent là un bon tremplin pour revenir sur le devant de la scène. Tous autant qu'ils sont oeuvrnet en delhors de l'économie de production et de marché.
Mais pas de ministres, pas de chefs d'entreprises, pas de pdg du cac 40, pas de patrons des grandes administrations, pas de créateurs de start-up, pas de jeunes cadres diplômés des grandes écoles de gestion ou d'ingénieurs, pas même de responsables syndicaux.
Autrement dit, ceux qui auraient un pouvoir de changer le monde, même un petit peu, se taisent. Parce qu'ils ne le veulent pas, ou croient que ce n'est pas possible, ou que ce serait contraire à leurs intérêts.
Qui pèse sur le monde aujourd'hui ?
Les hommes politiques bien sûr, sachant qu'ils ont plus le pouvoir de dire non que d'infléchir le modèle en action.
Les chefs d'entreprises surtout, les patrons des grandes multi-nationales qui ont délocalisé, promu la course à la productivité et profitabilité, ne parlent que de compétitivité, ont tué le sens du travail et donc souvent son goût, n'ont pas d'état d'ame quand il s'agit d'accroître les perspectives de profit, qui embauchent et licencient sans humanité, oeuvrent au-delà des nations, souvent contre les intérêts des Etats, de tous les Etats.
Le monde de la recherche, dans les Universités, les instituts nationaux, les grandes entreprises, les start-up, les labos indépendants. Même si les Etats peuvent être amenés à orienter la recherche par la voie des subventions, le monde de la recherche est un monde libre. L'appât du gain en est un des moteurs, du Tournesol à l'idée géniale aux grands loabos des multi-nationales. Tous cherchent l'invention qui les mettra en situation de monopole, et les transformera en tiroir-caisse.
Le marché, aujourd'hui financiarisé et mondialisé. C'est lui qui oriente les capitaux, impose sa loi aux grandes entreprises, le plus souvent à l'opposé de l'intérêt des salariés, des Etats, et même de la planète. C'est en son nom qu'on impose une course démente à la compétitivité, qui broye les hommes, détruit la planète, amène la surconsommation.
Les syndicats de travailleurs. Leur influence a été déterminante. Sans eux, les enfants travailleraient toujours dans les mines, la protection sociale serait minimale, il n'y aurait pas de contre-pouvoir au patronat. Dans toute l'Histoire, le puissant a asservi le faible pour l'exploiter. La force syndicale à limité l'inhumanité et fait progresser le monde dans la voie d'un meilleur partage du gâteau. Mais la mondialisation a cassé le mouvement au nom de la compétitivité qui est présumée être la condition de survie des entreprises.