La crise des gilets jaunes est préoccupante.
Parce qu'elle montre que les français sont toujours aussi ignares en économie, incapables qu'ils sont de situer les responsabilités.
Parce qu'elle montre que les gilets jaunes, porteurs de revendications justes sur le fond, sont de plus en plus manipulés par une frange radicale dont le seul but est l'anarchie, la démolition de la démocratie et de ses institutions.
Parce qu'elle montre que les instances patronales sont toujours aussi autistes sur le plan social, même si quelques grands groupes ont tenu à répondre positivement à l'appel du président. Mais combien sont-ils à appliquer une politique salariale payant à sa juste valeur l'ensemble des salariés ? Et combien sont-ils à afficher la prise de conscience que la politique passée devait être corrigée, et qu'il est temps d'évoluer vers autre chose ?
C'est ce qu'aurait pu tenter de dessiner Emmanuel Macron. S'il a reconnu justes les revendications, s'il a tenu à "donner" aux plus modestes, s'il a tenté de mouiller les grandes entreprises en faisant appel à leur bon coeur pour qu'elles distribuent un petit quelque chose au jour de l'an, il n'est pas allé assez loin.
Il aurait dû annoncer la hausse du smic proprement dite, quitte à alléger les charges et aider les entreprises les plus faibles. Il aurait dû annoncer sa volonté d'un infléchissement du capitalisme, en annonçant un Grenelle des rémunérations, un changement des priorités entre les actionnaires et les salariés, des interventions au niveau européen sur les salaires, pour une protectionnisme adapté, pour un arrêt de la concurrence fiscale et une imposition harmonisée des riches.
Partout dans le monde, les peuples grondent contre ce capitalisme radicalisé qui détruit la planète, broient les vies, créent de l'injustice. Il ne faut pas laisser le monopole de la grogne à l'extrême droite et la droite populiste qui ne rêvent que de mettre à bas la démocratie. C'est désormais la mission exclusive des hommes éclairés s'il en reste, et l'Europe doit en être le cadre fondateur.