Pour que cela change, il faudrait d'abord que tous les Etats soient bien conscients que le gagnant-gagnant n'existe pas. Et donc qu'ils acceptent de perdre !
Il faudrait ensuite remettre en cause la règle de l'unanimité.
Or jamais les "petits Etats" économiquement plus faibles n'accepteront de sonner leur mort en renonçant à leur pouvoir de dire non.
Cela condamne l'Europe au déclin relatif, et à la perte de son influence. Face à la difficulté d'élargir les compétences de l'Europe au détriment de celui des Etats, allemands et français ont opté pour la fuite en avant en accueillant tous les pays qui fuyaient l'empreinte de l'ex-URSS. C'est certainement le geste politique qu'il fallait faire, mais avec plus de conditions, et avec le courage de renoncer à la règle de l'unanimité, c'est à dire du droit de veto.
Ceux qui souhaitent une Europe plus forte n'ont d'autre espoir aujourd'hui que d'imaginer la constitution d'une mini Europe composée d'Etats disposés à perdre une part substantielle de leur souveraineté pour aller dans la direction d'un Etat unique.
Ce serait une Europe à deux vitesses, qui comprendrait l'Europe actuelle et son union douanière et monétaire, et une Europe de quelques Etats qui iraient vers une unification politique plus profonde.
La difficulté sera énorme, face à des populations désabusées, qui ne voient plus guère dans l'Europe que la possibilité de voyager aisément ou plus prosaïquement encore qu'un réservoir à subventions, et à des Etats aux situations financières par trop inégales, certains dits "frugaux" aux finances saines, et d'autres dits "clubmed", plus nombreux, aux déséquilibres commerciaux et financiers abyssaux.
L'espoir est mince, la probabilité restant celle d'une Europe bloquée sur ses principes souverainistes, qui la condamnent à l'immobilisme.