Le déclencheur a été la hausse de la taxe sur l'essence, qui porte le litre de diésel à un niveau insupportable pour beaucoup. Ce n'est que la goutte d'essence qui fait déborder le vase.
Si l'impôt sur le revenu ne frappe pas les bas revenus, taxes, services publics et facturations diverses les frappent sans état d'âme, et sont perçus comme un acharnement. Le mécontentement ne date pas d'hier, mais depuis au moins deux décennies. Il a conduit au vote de 2017 qui a dégagé tous les vieux politiques.
Ce sont les impôts locaux qui ont explosé depuis des années, sous l'effet sans doute, mais pas seulement, du transfert par l'Etat de certaines de ses dépenses. Et l'Etat n'a pas su en profiter pour baisser ses proppres dépenses.
Les amendes liées à la voiture explosent, avec le stationnement payant dans les villes qui se généralise, les amendes de stationnement qui doublent ou triplent parfois, et celles qui s'ajoutent aux points de permis supprimés que bien des gens sont incapables de payer.
Eau, gaz, électricité, transports publics voient leurs tarifs augmenter chaque année bien au-delà de la progression du smic.
La csg frappe tous les revenus, et son augmentation est restée en travers de la gorge de tous les français après que l'impôt sur la fortune ait été supprimé.
Les assurances augment chaque année leurs prix à un rythme bien supérieur à celle des bas salaires.
En contrepartie, les administrations - écoles, tribunaux, hôpitaux, maternité, centres des impôts - quittent les villes petites et moyennes, la plupart des entreprises industrielles traditionnelles ont fermé leur porte ou ont délocalisé, les gares ferroviaires ont été fermées, les centre-villes n'affichent plus que des vitrines vides et en voie de délabrement.
Le capitalisme débridé alloue des rémunérations démesurées aux pdg, actionnaires et administrateurs de grands groupes, cadres supérieurs, embellies de bonus, parts variables, actions gratuites, stock-options, avantages en nature.
Les plus riches pratiquent allègrement l'évasion fiscale avec l'aide des services de banque privée présents dans toutes les grandes banques : sociétés patrimoniales, fonds communs de placement dans des îles exotiques, montages sophistiqués. Les grands groupes multi-nationaux pratiquent sans état d'âme l'optimisation fiscale à grande échelle, au point de ne quasiment pas payer d'impôt sur les sociétés en France.
Et pendant ce temps-là, smic et bas salaires stagnent, et les contrats de travail se précarisent. Au point que le chef économiste de la BFCE, Patrick Artus, en vienne à écrire un livre intitulé "Et si les salariés se révoltaient" !