Au-delà de la préoccupation de l'âge légal de départ à la retraite, réelle pour les métiers pénibles ou à risques, il semble que la valeur travail sur laquelle est censée reposer notre société, ait perdu pas mal de plumes avec l'apparition à la fin du siècle dernier d'un capitalisme financier, décomplexé, égoïste et déshumanisé.
La compétitivité et son compère obligé productivité sont devenus la bible des directions d'entreprises, entraînant la perte de sens du travail pour un grand nombre de salariés, y compris cadres. Le marketing inventé pour créer le besoin, le contrôle de gestion qui génère délocalisations, fermetures, fusions, réorganisations, suppressions de postes, ont transformé les décideurs en joueurs de monopoly, et les salariés en matricules, qu'on déplace ou licencie au gré des modes et des stratégies à la seule volonté de quelques princes.
C'est miracle qu'un employé de banque qui pendant trente ans a eu sur sa tête l'épée de Damoclès de fermeture de son entité, conserve encore motivation et sentiment de son utilité ! Mais il ne faut quand même pas s'étonner qu'il ne soit pas spontanément emballé à l'idée de travailler deux années de plus !
Cela fait des décennies aussi que les entreprises, notamment les grandes, traitent mal leurs seniors. Au-delà de 50 ou 55 ans, il n'y a plus de formation pour eux. Les mutations s'espacent, ils voient autour d'eux se multiplier les plans individuels de départ, confirmant si besoin était qu'ils ne sont plus bienvenus dans l'entreprise. Deux ans de plus, dites-vous ?