On connaît les raisons de cette indifférence croissante aux élections, conforme aux rejets des politiques qu'on enregistre depuis plusieurs années en France, mais aussi dans un nombre croissant de démocratie.
Pourtant la politique intéresse toujours les français, eux qui attendent tout de l'Etat, plus que n'importe qui au monde.
François Mittérand avait basé une de ses campagnes sur le slogan "changer la vie". La gauche n'a rien changé, et la droite non plus. Et les gens n'ont pas conscience que leur vie, à titre individuel, puisse changer. Les français sont de plus en plus nombreux à croire que voter ne sert à rien, parce que pour eux, rien ne change jamais.
Il faut ajouter que la mort du rêve communiste à mis fin à l'espoir d'un monde meilleur bâti sur un système économique plus généreux et plus humain que le capitalisme. Il faut dire que ce dernier s'est considérablement durci depuis les années 80, et que le capitalisme de papa, un peu paternaliste et où les syndicats étaient un contre-pouvoir, a fait place à un capitalisme financiarisé et mondialisé, impitoyable, déshumanisé, où la recherche du profit maximal justifie les pires pratiques, délocalisation, plans sociaux, productivisme à tout crin, évasion fiscale. Qui plus est ce capitalisme sauvage semble sans contre-pouvoir, avec des syndicats très affaiblis et un Etat impuissant.
Paradoxalement ce n'est pas contre les pdg de ces grands groupes que la colère se lève, la peur du licenciement fait taire toute révolte contre l'entreprise, mais contre l'Etat, lâchement, et ses représentants que sont les gouvernants, les élus, les partis.
Pourtant, le "quoiqu'il en coûte" qui a permis aux français de limiter les dégâts pendant la crise sanitaire, a montré à tous l'utilité de l'Etat et de ses représentants. Cela semble profiter, un peu, à Emmanuel Macron, mais pas du tout aux gouvernants et aux élus.