Le monde occidental s'est libéralisé, en même temps qu'il s'est capitalisé et mondialisé.
Le marché, la concurrence, la compétitivité, la croissance, surpassent les Etats. Gauche et droite s'y succèdent tour à tour, et vivent la même impuissance à modifier le cours des choses. Revenus qui s'exilent pour optimisation fiscale, multi-nationales qui pratiquent le chantage à l'emploi à la moindre menace de règlementation, FMI et institutions monétaires qui ficellent les gouvernements, courses aux profits qui remplacent l'homme par la machine et le numérique, organisations des entreprises qui broient les hommes et les jettent au premier coup de vent, les gouvernements, de gauche comme de droite, ont perdu la main.
Depuis la chute du communisme, il n'y a plus d'alternative au capitalisme. Sans système concurrent alternatif, il s'est totalement débridé, et a profité de l'air du temps libérateur du post-communisme pour imposer sa loi au monde. Crises à répétitions, chômage, explosion des inégalités, précarisation et paupérisation du plus grand nombre, remise en cause du plaisir au travail, destruction de l'environnement en sont les conséquences les plus visibles. Le capitalisme exerce aujourd'hui une pression totalitaire sur le monde.
Les gouvernements de tous bords n'ont d'abord pas vu cette évolution. Il n'ont pu que la subir ensuite, enfermés qu'ils sont dans des frontières nationales que la finance internationale transcende depuis longtemps.
Impuissants à changer le système, ils le sont presque tout autant à en corriger les abus les plus obscènes.
L'action des gouvernements est exclusivement centrée aujourd'hui sur les conditions permettant aux entreprises de s'adapter pour le mieux au marché. Il n'est plus question d'améliorer le sort des plus modestes, de faire en sorte que l'homme soit bien au travail, que la redistribution corrige les inégalités, et permette à tous de vivre selon leurs besoins.
Compétitivité et productivité sont les commandements du monde moderne, loin, très loin, des rêves de l'honnête homme du XVIIIème siècle. Gauche et droite s'y efforcent avec les mêmes insuccès, générant les mêmes déceptions et frustrations parmi les populations.
De la peur peuvent naître la colère et la violence, ainsi croît le populisme dans toutes les démocraties occidentales. L'impuissance des partis traditionnels amène des votes de rejet non seulement des partis, mais des politiques traditionnelles. La raison n'a plus cours, perdus pour perdus, de plus en plus en plus de gens ayant de moins en moins à perdre sont prêts à voter pour des candidats improbables. La rationalité ayant échoué, les choix démocratiques aussi, tout est désormais possible. La démocratie est en danger, le totalitarisme n'est plus un fantasme. L'extrême droite s'affiche dans plein de pays d'Europe, n'a plus peur d'exhiber des valeurs racistes, protectionnistes, d'exclusion. Les classes populaires qui ne croient plus dans la capacité des partis traditionnels à leur offrir des jours meilleurs cèdent au chant des sirènes "droitistes".
Le salut passe par une modération humanisante du capitalisme, qui ne sera possible que par la concertation des Etats, et donc davantage de gouvernance mondiale. Exactement le contraire des vues de l'extrême droite.