D'un côté le monde des affaires, de l'économie, des pouvoirs. Ce monde-là est mondialisé, se veut dans l'Histoire, la grande, celle des évolutions du monde, s'appropriant le progrès technique, les changements de culture, l'effacement des frontières.
Ce monde-là a la culture capitaliste comme ligne de vie, le culte de l'argent, du profit, du cours de bourse, de la fortune accumulée. Il rachète et vend les entreprises comme des antiquités sur Le Bon Coin, il impose des objectifs toujours plus hauts, toujours plus forts, pour toujours plus de productivité, de profits, de baisse de coûts, il comprime les effectifs jusqu'au burn-out des hommes et des femmes, il délocalise ou ferme usines, entrepôts, par simple confort, non parce qu'ils ne sont plus rentables, mais parce que la rentabilité dégagée est prédite plus élevée ailleurs.
Que fait donc Radio France pour remercier les équipes d'avoir permis à la radio nationale de devenir n°1 devant le leader historique, RTL ? Il supprime 300 postes !
Ce monde-là est égoïste, sauf pour les actionnaires, parce qu'il en fait partie. Aux salariés, le minimum permis par le marché, ce qui correspond au minimum de subsistance pour les travailleurs qu'on appelle non qualifiés. Qui sont qualifiés pourtant, leur qualification étant de faire des travaux que peu de gens veulent faire, parce que durs, pénibles, dangereux, usants, sales. Alors pour continuer à remplir ces postes peu attractifs et pourtant indispensables, on fait appel aux travailleurs étrangers, déclarés ou pas, qui sont prêts à travailler pour presque rien, dans des conditions de vie indécentes, sur lesquelles tout le monde ferme pudiquement les yeux. .
Il est égoïste vis à vis de l'Etat, l'optimisation fiscale visant à payer le moins d'impôt possible évoluant vite en fraude caractérisée via les paradis fiscaux et des sociétés bidon, qui n'ont d'autre but que de loger les bénéfices là où ils sont le moins imposés. Il est remarquable que la communication financière ne fasse jamais état de l'impôt sur les sociétés payé, et ne le rapproche jamais des dividendes versés aux actionnaires. L'Etat est pourtant un partenaire plus nécessaire que les actionnaires.
Ce monde-là n'a pas d'éthique, quoiqu'il en dise, parce que la recherche du profit à tout prix ne va pas avec le respect des hommes, des cultures, de l'environnement. Quand BNPP, CA, Natexis, transfèrent des milliers de postes à Lisbonne ou Porto, parce que les salaires y sont deux fois moins élevés qu'en France, est-ce bien éthique ? Quand SG transfère une partie de sa conformité en Roumanie, pays de surcroît peu exemplaire, est-ce bien éthique ? Quand Peugeot délocalise à tour de bras, et que son siège financier va rejoindre celui de FIAT aux Pays-Bas, est-ce bien éthique ? Tout ce petit monde doit pourtant sa survie à l'Etat français, qui les a sauvés de la banqueroute en 2008. La gratitude ne fait pas partie des valeurs de ce monde-là.