Le monde moderne n'a pas inventé les inégalités. Dans les sociétés primitives, basées sur la solidarité, la chasse est commune, destinée à nourrir l'ensemble de la communauté. La plupart des biens sont partagés, la solidarité est de mise. Cette solidarité dite mécanique correspond au système de valeurs sur lequel repose toute la société, elle est le ciment de la cohésion sociale.
Avec l'apparition de la société marchande, la cupidité des plus ambitieux a permis à ces derniers de s'enrichir, tout en répondant à un besoin des communautés. Les plus actifs, les plus débrouillards, les plus capables et aussi les plus cupides ont pu exprimer leurs ambitions, souvent pour un mieux collectif et toujours pour le plaisir personnel.
Les sociétés grecques, égyptiennes, romaines, aussi brillantes qu'elles aient été, ne brillaient pas par leur souci d'égalité, les esclaves faisaient le boulot, les femmes y avaient un statut inférieur, quelques très riches dominaient des multitudes de pauvres.
En France, il a fallu attendre la seconde moitié du 19ème siècle pour que des intellectuels dénoncent la pauvreté, l'égoïsme des nantis, les conditions de travail et de vie exécrables des ouvriers. D'abord le privilège de contestataires du système, la dénonciation s'est étendue à des humanistes, parfois chrétiens, choqués par les disparités de classes, horrifiés par la misère de ceux qui travaillent pour permettre l'accumulation des richesse par un petit nombre d' autres. On a ainsi dénoncé les salaires qui permettaient à peine de survivre, l'emploi d'enfants, dans les mines par exemple, la précarité, la mauvaise santé.