Dans le milieu fermé de la banque française, on aime bien s'auto-gratuler. Ainsi met-on en avant depuis des dizaines d'années le modèle français, qui donnerait à la France des banques solides parmi les plus solides du monde.
Cela est vrai, et les banques françaises ont bien traversé la crise de 2008, ayant pu très vite rembourser l'Etat des aides reçues.
Mais les résultats de la Société Générale au 1er trimestre, perte nette de 320 millions d'euros, du jamais vu depuis 2012, doivent conduire à nous interroger sur ce soi-disant modèle.
Traditionnellement, le modèle français a assis sa rentabilité sur la marge d'intérêt sur les prêts, qui permettait d'assurer la gratuité de la gestion des comptes, la quasi gratuité des services aux particuliers, la non-rémunération des comptes à vue.
Ce modèle a bien fonctionné avec des taux d'intérêt élevés, qui offraient des marges elles aussi élevées, tant sur l'ensemble des clients que sur l'interbancaire.
Il a hissé les banques françaises parmi les banques les moins chères pour les particuliers, qui, en contrepartie de la non-rémunération des comptes à vue, subissaient peu de facturation.
Pour faire face à la baisse des taux, les banques se sont engagées dans une tentative de facturation des services à la clientèle de particuliers. Mais la concurrence et surtout le refus culturel des clients de payer ce qui était jusque là gratuit, ont limité la facturation aux incidents de paiements, donc à la clientèle la moins solvable. La facturation des chèques et prélèvements impayés, avis à tiers, oppositions et autres ont quand même gonflé le produit net bancaire, mais avec en partie du mauvais chiffre d'affaires, constitutif plus tard de pertes. Cela a renforcé l'image négative des banques, qui fait payer les pauvres et offre la gratuité aux riches.