Ainsi le capitalisme n'avait plus de concurrent, d'alternative. On a vu arriver alors une dérégulation comme on n'en avait jamais vu, les échanges commerciaux ont explosé, inondant les pays développés de produits asiatiques, la finance s'est mondialisée, les lois du marché capitaliste ont imposé leurs règles au monde des grandes entreprises. Les Etats y ont perdu leur pouvoir, les salariés ont subi les choix des grands patrons: baisse du pouvoir d'achat, course sans fin à la productivité et aux profits, délocalisations et fermetures d'usines.
Pendant qu'actionnaires, patrons, cadres de direction et cadres supérieurs se distribuaient de savoureux bonus, stock-options et autres avantages divers, 80% des salariés se voyaient mis au régime sec, quand ils n'étaient pas mis carrément sur le carreau.
Ce sont ces gens-là aujourd'hui qui votent contre l'Europe et contre Trump, contre ce capitalisme sauvage, sans foi ni loi, dont le seul objectif est d'amasser du profit contre l'intérêt des salariés, des Etats, dont ils fuient l'imposition, des clients à qui ils sont prêts à vendre n'importe quelle saloperie pourvu que cela rapporte.
Les politiciens traditionnels de droite comme de gauche n'ont rien vu. Ceux qu'on appelle les populistes ont vu et senti le désespoir de cette majorité silencieuse et laborieuse qui fait la richesse des entreprises et des nations, et qui n'en récolte plus les fruits. Voyez le comportement d'un Bolloré, qui répond à un malaise éthique des journalistes d'I Télé par l'ouverture de la porte pour qu'ils s'en aillent!
Nos gouvernants ont laissé la situation financière des enseignants se dégrader, comme celle des policiers, de la justice, des infirmières. La justice est encombrée dans les tribunaux comme dans les prisons, les hopitaux sont au bord de la rupture, ne tenant bon que par la présence des esclaves modernes que sont les internes, exploités à 1300€ par mois, pour 50h par semaine et plus, après sept ans d'étude! Les Universités sont fauchées, la recherche est au régime sec. Dans le privé, les grandes entreprises sont sous le joug de la finance internationale, et ont l'oeil fixé sur les publications trimestrielles de leurs résultats. Une fermeture d'usine, quelques centaines de postes supprimés, et c'est quelques points de hausse du cours de l'action, et partant du patrimoine des actionnaires et des dirigeants. Par contre, pas d'augmentation du pouvoir d'achat pour 80% des salariés, un sentiment croissant de vulnérabilité, une précarisation inquiétante, un smic menacé. Les retraités ne sont pas mieux lotis, les pensions étant dramatiquement figées. Parallèlement, les pouvoirs publics ne craignent pas d'augmenter les impôts, directs d'abord, indirects ensuite avec l'explosion des impôts locaux, les hausses de TVA et autres impôts plus discrets.