C'était la primaire de la droite, et c'est un homme de droite qui a été élu. Certes Fillon se réclame de la filiation de Seguin, ancien gaulliste de gauche, mais il y a belle lurette que le fils a oublié l'héritage du père.
Car le programme de Fillon est clairement un programme de droite, tant sur l'économie que la sécurité et les valeurs.
Sur l'économie, il prône un interventionisme limité de l'Etat, dont il veut alléger le rôle en supprimant 500 000 postes en cinq ans (mais pas dans la police, ni les hôpitaux ni l'éducation nationale ni l'armée !). Il est favorable à la fin des 35 heures, au refus d'imposer une limite hors les 48 heures. C'est la fin des heures supplémentaires. Il veut baisser les dépenses publiques de 100 milliards, augmenter le taux normal de la TVA de 20 à 22%, favoriser les investissements dans les PME. Rien sur le pouvoir d'achat, rien sur le chômage, rien sur la compétitivité et la réduction du dramatique déficit structurel des échanges commerciaux.
Sur la sécurité, Fillon veut interdire le burkini, expulser "les individus dans la mouvance terroriste", et empêcher le retour des djihadistes partis combattre en Syrie. Plus largement, il souhaite carrément supprimer le principe de précaution inscrit dans la constitution, qui permet de prendre des mesures préventives même quand la preuve scientifique du danger pour la santé ou l'environnement n'est pas établie.
Sur les valeurs, Fillon ne reviendra pas sur le mariage des couples homosexuels, mais réécrira la loi Taubira pour "réexaminer" les règles de la filiation.
Ajoutons que Fillon est partisan d'une collaboration rapprochée avec Poutine et Assad, nonobstant le massacre des habitants d'Alep, et souhaite recourir au référendum sur certains sujets sociétaux, comme la réduction du nombre de parlementaires, l'inscription de l'obligation d'équilibre budgétaire, le rapprochement régions/départements, la fin des régimes spéciaux de retraite, les quota d'immigration).
Tout cela est clairement un programme de droite, adopté par la droite, et sans doute la partie la plus conservatrice de la droite, qui voite Paris à feu et à sang, a le sentiment que le danger est partout, fantasme sur des fonctionnaires inutiles et coûteux et un Etat empêcheur de s'enrichir en rond et voleur. Une droite peu sensible aux difficultés des plus fragiles, craintive face à l'ouverture du monde et aux révolutions technologiques, nostalgique d'un monde rural immobile en voie de disparition.