Les années passent, et les problèmes demeurent. Même s'ils ne sont pas tous mis sous le tapis.
L'éternel problème des banlieues
"Les banlieues" ont encore explosé, huit ans après les nuits de 2015 qui avaient laissé la France abasourdie et inquiète. Pourtant, le problème avait été soulevé dès les années 60 avec l'arrivée des premiers migrants d'Afrique du Nord, lorsqu seul un nombre limité de villes avait accepté de les accueillir, et pas toujours pour de bonnes raisons ! S'en sont suivis des villes ghettos, le communatarisme, l'économie de la drogue, l'échec scolaire, et la naissance de lieux de quasi non-droit. A chaque soulèvement, experts et élus viennent parader dans les médias, qui pour nous dire qu'ils nous avaient prévenus, qui pour nous prévenir qu'il faut que cela change !
Mais années et gouvernements passent, et les problèmes demeurent. On a démoli quelques immeubles, repeint des cages d'escalier, mais aucun vrai plan national visant à donner espérance et sentiment d'appartenance à l'identité française à des centaines de milliers de jeunes en déshérence.
La lancinante surpopulation des classes
Dans les années 60, on mettait déjà en avant la surpopulation dans les classes. Quarante élèves était pratique courante. Ca a marché quand même parce que les maîtres étaient respectés, et la crainte de redoubler boostait les élèves.
Rares sont aujourd'hui les classes de moins de trente élèves, avec une population de jeunes qui a bien changé, ayant perdu le respect originel du maître. Et comme on ne redouble plus, on ne craint plus l'échec, qui devient une norme sans conséquence pour beaucoup, sauf à la fin du collège. Mais c'est trop tard. Ainsi une nuée d'élèves encombre-t-elle les classes depuis les premiers cours, contribuant à abaisser le niveau général, sans que cela les aide en quoi que ce soit. Combien d'élèves auraient pu rebondir et récupérer le niveau de la classe en redoublant ?
Toujours l'égoïsme social
On a oublié les grandes grèves des années 50 et 60, pour nous faire croire que les trente glorieuses n'avaient été que joie et prospérité. Plus pour certains que pour d'autres, mais un mouvement pour un peu plus d'égalité était lancé. Mais il s'est inversé à partir de la fin des années 80 avec l'explosion d'un capitalisme triomphant, financiarisé et mondialisé. Le profit est devenu le moteur et la fin de l'activité humaine, et hommes et entreprises des moyens de production normalisés qu'on vend, tue, ou délocalise selon l'intérêt financier de quelques uns. D'un côté des salariés qui s'adaptent au détriment souvent de leur santé et moyennant recours à des substances mortifères, de l'autre le bataillon de ceux qui font le boulot et qui, réputés "non qualifiés", sont peu payés, mal traités, pas reconnus, et dont on supprime les emplois dès qu'il y a trois sous à gagner pour le staff de direction et les actionnaires.
La crise des gilets jaunes a été le révélateur de malheurs qu'on refuse de voir. Le pays a été bousculé, le monde politique est resté ébahi, mais rien n'a changé, et un capitalisme dur, égoîste et sans âme exploite toujours à mort la Terre et ses habitants.
L'hypocrisie de la drogue
Depuis des années, c'est la vente illicite de la drogue qui fait vivre une grande partie de ces banlieues. Officiellement, la guerre est déclarée, les policiers pourchassent et briment les jeunes trafiquants, qui n'ont pas d'autre espoir que la drogue pour vivre. Le combat est sans fin, voué à l'échec. Mais la classe au pouvoir, qui en est pourtant la première consommatrice, en refuse la légalisation, au moins partielle, même si cela améliorerait la vie des petits trafiquants, et les relations police jeunes.
Un certain nombre de pays ont franchi le pas, sans plus de désagrément semble-t-il. D'ailleurs il n'y a jamais eu plus de circulation de drogue en France, et de consommateurs. Un phénomène de société qui en dit long sur l'angoisse que génère nos économies capitalistes et productivistes.
Si un jour l'union des luttes ...
Voilà, parmi d'autres, des préoccupations lancinantes qui persistent, voire s'aggravent, avec les années, quelque soit la couleur politique des dirigeants. Peut-être parce que leur amélioration dépasse largement les échéances politiques, ou parce qu'à force de ne rien faire, la réponse devient quasi impossible, ou parce que la société est devenue mondiale et qu'une réponse nationale peut avoir de forts effets négatifs, ou parce que la classe dirigeante, politique et économique, est par trop issue d'une même classe bourgeoise aisée.
Pourtant on voit bien qu'il y a une forte partie de la population qui est prête à se soulever et à recourir à la violence.
Le jour où viendra l'union des luttes pourrait faire naître des regrets.