La crédibilité du président français est d'ores et déjà bien entamée, en France et à l'étranger. Lui l'européen qui voulait être exemplaire pour emmener l'Europe plus loin, fait tout aussi mal que l'Italie, en voie de punition. Lui le jeune prodige que le monde admirait n'est plus qu'un président en disgrâce, rejeté par la partie la plus pauvre de son peuple. Lui qui se voulait porte-drapeau de la transition écologique se voit contraint de supprimer la taxe pour faire baisser le prix de l'essence. C'en est fini de son rêve de leadership européen.
Lui à qui tout réussissait, qui avait tout dégagé, qui avait donné un coup de vieux à tout le monde politique, lui qui se voulait jupitérien, visionnaire et guide infaillible, le voilà revenu "grosjean comme devant". Non seulement il est impopulaire, mais jamais peut-être un président n'aura déclenché autant de haine.
A-t-il compris que sa vision de l'avenir de notre société n'est pas partagée par une grande partie de la population? L'esprit start-up, le libéralisme à tout crin, la compétitivité qui justifie les bas salaires, la défense des riches et de l'enrichissement qui ruisselle, ne font pas rêver la majorité des peuples. Le culte du profit n'apporte le bonheur qu'à une poignée de personnes, les plus cupides et les moins scrupuleuses. Le capitalisme sauvage a tué le rêve.
Macron aurait pu montrer qu'il avait conscience qu'il fallait aller vers plus de justice sociale et un partage plus équitable des richesses. Rattrapage des salaires dans la durée, participation et intéressement, partage des profits plus équitable entre actionnaires, salariés, Etat, auraient pu être des voies de recherche choisies. Cela n'a pas été son option, parce qu'il est un libéral convaincu, et qu'il ne remet pas en question le fonctionnement actuel du capitalisme. Sans remettre en cause le libéralisme et la mondialisation, il aurait pu tenter de devenir l'apôtre d'un capitalisme plus humain, où l'homme, et non le profit, serait au centre.
Il ne l'a pas fait, parce que ce n'est pas sa conviction, ou parce qu'il ne voit pas les périls dans lesquels nous entraînent les dérives du système actuel.
On voit mal dorénavant comment il pourra entreprendre les réformes qu'il entend encore faire, celles portant sur les retraites notamment. Car bien sûr, aussi juste que pourra être la réforme proposée, les privilégiés du moment perdront, et ne manqueront pas, printemps aidant, de descendre dans la rue.
Les gilets jaunes ont bel avenir.