Les gens seront nombreux à manifester, ou ne le seront pas. Beaucoup reculeront parce qu'ils ne voudront pas cotoyer l'extrême-droite, d'autres auront tennis ou piscine, ou les enfants à conduire à leur activité. Mais le grondement est bien là, et quelque soit le succès de la manifestation prévue le 17 novembre, dirigeants politiques et dirigeants d'entreprises auraient rudement tort de mal évaluer la profondeur du malaise ambiant.
Car si le mécontentement s'est focalisé sur le prix du gaz-oil, c'est le pouvoir d'achat qui est l'objet principal de la jacquerie qui menace.
Or le pouvoir d'achat, ce n'est pas tant le prix de l'essence et les taxes que les salaires. Or ceux-ci sont stagnants pour les classes populaires et moyennes, on le sait depuis longtemps. Le smic ne suit l'inflation qu'avec peine, et certains parlent très imprudemment et très injustement, de mettre fin à son indexation. Les primes, bonus, stock-options, distributions gratuites d'actions, bénéficient presqu'exclusivement aux seuls cadres, les autres devant se contenter de miettes, quand il en reste.
La révolte aujourd'hui se centre sur le gouvernement, qui n'est pourtant pas le premier responsable de la situation. C'est surtout aux entreprises de faire leur introspection, et de prendre les devants pour améliorer la situation financière de leurs salariés les moins payés.
Car à trop tirer sur la corde, à la fin elle se casse.