La question des salaires semble s'introduire dans le débat électoral, et aussi dans l'ensemble des pays démocratiques et capitalistes. Simple phénomène de mode, ou tendance durable ?
Des salaires trop bas
On l'a souvent dit et redit ici, il y a dans nos pays développés capitalistes un vrai scandale des salaires, dont la majorité est tirée vers le bas, comme au XIX ème siècle.
Si les staff des directions se servent bien, jusqu'à faire possiblement fortune, si les cadres, surtout supérieurs, se voient récompensés de généreuses dotations de primes et distributions d'actions, la "valetaille" est quant à elle réduite à la portion congrue, avec la suppression depuis deux décennies des revalorisations globales automatiques, et des revalorisations individuelles récompensant essentiellement les jeunes jugés à potentiel.
Ce qui revient à dire que 70% des salariés sont sous-payés et sans réel avenir de gagner plus. Pourtant un pdg et un dg ne suffisent pas à faire une entreprise, pas même avec des bons cadres supérieurs.
Pas la bonne réponse
Avec la révolte des gilets jaunes puis la crise sanitaire, le bas niveau de revenu des derniers de cordées est apparu comme une évidence et une profonde injustice. Infirmières et aides-soignantes, caissières, livreurs, ont tous défié le virus et permis aux français de continuer à vivre, pendant que les cadres sup restaient délicatement dans leurs beaux intérieurs en s'initiant au télé-travail.
Nous est ainsi sauté aux yeux l'injustice d'un monde qui ne rémunère pas à son juste prix la grande majorité de ses salariés, et nous laissant admiratifs de tant de conscience professionnelle non reconnue.
Le gouvernement en a aussi pris conscience, mais enfermé dans un modèle économique basé sur la compétition et la productivité, il n'a pas osé prendre les bonnes mesures. Et au lieu d'augmenter le smic et pousser les partenaires sociaux à ouvrir des négociations, il s'est substitué aux entreprises en distribuant ça et là des aides ponctuelles plus ou moins ciblées.
C'est mieux que rien, mais ce n'est pas une réponse suffisante.
Une revalorisation globale est nécessaire
Le travail doit être rémunéré à sa juste valeur, et doit au minimum permettre à tous de vivre décemment.
Il est évident que le smic ne permet pas, même à la campagne, de se loger, s'habiller, se transporter, s'équiper. Ne parlons même pas des loisirs.
Les métiers demandant pas ou peu de diplôme restent totalement sous-payés. Pourtant ce sont les métiers souvent les plus difficiles, les plus pénibles, les plus à risques, métiers que les français veulent de moins en moins faire, et pour lesquels le recours à la main d'oeuvre étrangère est la seule voie possible.
Cessons de surrémunérer des cadres "y a qu'à faut qu'on" pour nous intéresser enfin à ceux qui font, fabriquent, réparent, construisent, livrent, qui font les tâches qui correspondent à l'objet même de l'entreprise. Pourquoi est-ce que dans l'échelle des rémunérations un guichetier de banque ou un conseiller de clientèle viendrait en dessous d'un contrôleur de gestion, ou d'un cadre du marketing?
Il est plus difficile aujourd'hui de recruter un maçon qu'un contrôleur de gestion, un livreur qu'un chargé de communication.
Il faudra bien que l'échelle des rémunérations tiennent compte de l'intérêt social des métiers et de la pénibilité de leur exercice.
Des raisons d'espérer?
Une prise de conscience semble émerger, on le voit dans la restauration ou le bâtiment. Pas encore dans la banque, qui continue à privilégier les actionnaires et les dirigeants, allant même jusqu'à racheter ses propres actions pour faire monter les cours des actions distribuées.
Des vagues de départs spontanés se remarquent aux EU, motivées par des salaires trop bas, trop peu de perspectives, et une déficience de sens du travail demandé.
En Europe, le smic redevient une idée à la mode, et enregistre de fortes hausses en Allemagne et en Angleterre.
Est-il venu le temps où tous les salariés de l'entreprise auront vocation à percevoir les fruits de l'augmentation de la richesse?
On aimerait le croire !!!