L'option prise par la France de respecter les règles budgétaires européennes limite dramatiquement la liberté de manoeuvre du gouvernement, et les fronts de déception commencent à s'ouvrir.
L'Université affiche son incapacité à accueillir l'intégralité des bacheliers qui souhaitent y entrer. C'est l'échec de la volonté politique démagogique de faire de tous les français des bacheliers, confondant culture et métiers manuels, et qui aboutit aujourd'hui à un déficit de professionnels dits manuels, et un trop plein de candidats à l'Université. Certes le gouvernement actuel n'y est pour rien, mais la baisse de 330 millions du budget de l'Université ne va en rien régler le problème de ces étudiants en mal de stuctures pour les accueillir.
L'armée grogne. La réalisation des promesses de la campagne électorale sont reportées à plus tard. En attendant, les dépenses 2018 seront réduites, alors que l'obsolescence de nos équipements n'est niée par personne et que les interventions de nos armées à l'étranger et en France se maintiennent, voire s'accroissent.
Pour compenser une politique sociale déficiente de la part des entreprises qui depuis des années entaîne la stagnation du pouvoir d'achat de 80% des salariés, le candidat Macron avait sorti de son chapeau une mesure étrange, l'exonération de la taxe d'habitation pour 80% des français. Etrange, parce que cela met en péril les finances des collectivités locales, qui vont être tentées d'augmenter d'autres impôts ou d'en créer d'autres. On sait aussi ce qu'il advient des compensations financières de l'Etat dans les temps de rigueur, sans même évoquer le côté malsain de la dépendance à l'Etat des collectivités. Etrange, parce que soit la taxe d'habitation est un bon impôt, et on le garde pour tout le monde, quitte à l'aménager, soit il est mauvais, et on le supprime pour tous. Etrange, parce que le cadeau fait aux futurs exonérés sera payé en partie par la classe moyenne supérieure, évidemment pas la plus à plaindre, mais qui pour autant ne roule pas forcémment sur l'or. Par contre les plus riches auront des faveurs par ailleurs, le poids le plus lourd de la politique fiscale du gouvernement devra être supporté, comme toujours, par les cadres et les retraités pas trop pauvres, usuelles vaches à lait de la république.
Macron et le gouvernement comptent sur une libéralisation du code du travail pour relancer l'emploi. Les négociations sont entamées, l'échéance est pour septembre. Mais sa réussite est loin d'être assurée. S'il est pertinent de faire un peu de ménage dans une réglementation trop foisonnante, rien n'assure vraiment qu'elle soit une cause déterminante du chômage qui gangrène la société française. Si les résultats ne sont pas au rendez-vous, parce que le chômage n'aura pas diminué, ou que la précarité aura explosé, alors l'avenir de Macron sera sombre. Hollande avait dit qu'il soumettait le renouvellement de son mandat à la baisse du chômage. Macron ne l'a pas dit, mais son avenir en dépend, qu'il en soit assuré.
Au président normal a succédé un président fier de l'être, manifestement jouisseur de son pouvoir, convaincu que la fonction présidentielle réclame solennités et autorité. Les français ne sont pas contre, qui ont aboli la monachie pour rétablir Bonaparte, aboli les privilèges pour en créer d'autres plus subtils et plus cachés. Mais derrière Bonaparte il y a Napoléon, et au bout du compte Waterloo. On n'en est évidemment pas là, et souhaitons que cela n'arrive pas. Mais l'alliance d'une politique qui continue à ignorer la France moyenne qui travaille et peine, et un trop-plein d'autorité et d'assurance, est explosive.
Le pouvoir enferme, et les ors du palais de l'Elysée et les flagorneries des courtisans cachent aux présidents français les réalités du quotidien des gens. C'est un risque majeur qu'Emmanuel Macron devra éviter s'il veut rester dans la dynamique du mouvement En Marche qu'il a créé.