Notre société engendre du désespoir

Le 08/08/2016

Dans Humeurs

Les attentats se suivent en France, pour certains c'est la guerre, même si on a l'impression parfois d'avoir plus à faire à des pieds nickelés, malheureusement meurtriers, qu'à des guerriers aguerris et organisés. On feint de s'étonner de la violence qu'ils sous-tendent. C'est oublier l'ultra violence de notre société. 

La violence est partout

On s'émeut, et c'est normal, de la violence des actes terroristes qui tuent de manière indifférenciée tous ceux qui ont le malheur d'être là. Mais cette violence est partout dans notre société.
On ne parle pas de la violence du capitalisme qui impacte la vie des gens. N'est-ce pas une violence aussi grande que de supprimer le tiers des effectifs de SFR, uniquement parce que des décideurs qui ne sont pas les payeurs jouent au monoply avec les entreprises, et qu'un Tapie new look, Drahi, achète sans avoir l'argent, et parie sur les baisses d'effectifs pour rembourser ses banquiers sans autre éthique que l'appât du gain? Combien de membres de la soi-disant élite ont conscience de la violence de ces décisions financières qui font la joie des marchés, et des vies brisées qu'elles peuvent engendrer?
N'est-ce pas une violence aussi grande quand les classes dirigeantes des entreprises s'octroient sans scrupules des rémunérations en constante augmentation, alors que celles de 80% des salariés stagne et baisse en pouvoir d'achat, et qui ont l'indécence de contester même le droit au smic aux salariés ? N'y a-t-il pas violence immense d'accepter un smic qui ne permet pas de vivre dans des conditions dignes? Violence que de parquer des millions de gens dans des endroits de vie devenus des zones de non droit?
Violence aussi d'accepter qu'une part importante des jeunes soit laissée sur les bords de la route de l'instruction, et soit abandonnée sans espérance de vie.
Et tous ces sdf, ces exclus, qui meurent sur nos trottoirs dans l'indifférence générale? Et ces millions de réfugiés, fuyant violence, viols, guerres et famines, qu'on refuse de voir chez nous et qu'on préfère voir crever chez eux ou dans la mer? Et ces prisons, où la promiscuité est la règle, trois par chambre sans intimité aucune, même pas pour les toilettes, où on chemine parmi les rats?
 

 

Usine à désespoir

La société capitaliste est d'une dureté infinie pour les plus faibles et les moins chanceux. D'autant qu'une part croissante des conquêtes sociales de l'après-guerre est remise en cause, et que les élites dirigeantes, toutes issues de la bourgeoisie aisée, pataugent dans un égoïsme social qui fabrique malheur et exclusion.
La droite française s'obstine à croire que la liberté accordée aux entreprises oeuvre au bonheur de tous, tandis que la gauche a abandonné sa vocation originelle de justice sociale et de défense des plus faibles. 

Modèle à changer

Notre modèle de société est arrivé à son terme. Il épuise les ressources de la planète, il change le climat, ne parvient plus à élever la qualité et le niveau de vie du plus grand nombre. Il crée misère et désespoir.
Il serait opportun que nos dirigeants en prennent conscience, ficher S et emprisonner ne résoudront rien. On ne supprimera pas les actes désespérés des terroristes si on ne parvient pas à redonner de l'espoir à ceux qui n'ont pas la chance de bien naître. Les gesticulations droitières sont totalement à côté de la plaque, et ne peuvent qu'engendrer haine et revanche si elles ne sont pas complétées par un programme d'espoir. Les religions, quelles qu'elles soient, ne doivent pas être le refuge de tous les désespérés du capitalisme.