Pari perdu

Le 01/07/2024

Dans Humeurs

Emmanuel Macron a tout perdu, le pouvoir, sa crédibilité en France et à l'international, ses réseaux et soutiens. Il ne lui reste que le droit à trois années de fin de règne promises à être un chemin de croix.

Un homme seul et décrédibilisé

Il a joué, il a perdu, et avec lui tous ses partisans, la France, l'Europe. Doté d'une intelligence supérieure et d'une audace et d'un courage confirmés, son ego surdimensionné qui lui a permis de conquérir le pouvoir l'a conduit aussi à ce geste d'orgueil insensé de la dissolution de l'Assemblée nationale. L'ego, qui est sa force, a été aussi sa faiblesse, en lui empêchant la sérénité nécessaire à faire face à l'adversité.
Aujourd'hui, Emmanuel Macron est un homme seul. Il a pris seul sa décision, il est le seul responsable de la débâcle de sa majorité.
Les grands ministres quittent le navire, en se désolidarisant de la dissolution décidée dans l'intimité d'une petite bande de "cloportes", conseilleurs mais pas payeurs, qui malheureusement n'aura jamais de comptes à rendre.
Le groupe Renaissance va se limiter à une petite centaine à peine de députés, très loin derrière le RN et la gauche.
Les chefs d'Etat ou de gouvernement européens restent dans la stupeur d'une décision incompréhensible, et de ses conséquences, remettant en cause la crédibilité internationale du président français.
Discrédité par ce pari insensé et perdu, non rééligible en 2027, Emmanuel Macron est bien d'ores et déjà sorti du monde politique, condamné à jouer les potiches pendant trois longues années.

Et maintenant

La majorité absolue n'est pas encore acquise pour le RN, mais possible, sinon probable.

En cas de majorité relative, il conviendra de nommer un gouvernement de coalition, ce que la France n'a jamais su faire depuis la Vè République. Il faudra sans doute des jours ou des semaines pour trouver un chef de gouvernement, le bon dosage et la bonne répartition des ministères. En pleins jeux olympiques ! Ce ne sera pas une sinécure, il n'est même pas certain qu'on y parvienne. Il faudra peut-être se contenter d'un gouvernement de simple gestion des affaires courantes, qui durera tant qu'il ne présentera aucun projet important au Parlement.

Si le RN a la majorité absolue, seul ou avec tout ou partie du LR, la cohabitation sera de retour en France, et Jordan Bardella fera face à Macron au Conseil des Ministres.
Comptons sur ce dernier pour ne pas faciliter la route du RN, mais le Premier Ministre a de réels pouvoirs, et fort de sa légitimité électorale incontestable, il aura les armes pour s'opposer aux velléités d'empêchement du président. 
Il ne pourra pas même se consoler dans les domaines réservés du Président, qui constitutionnellement n'existent pas, et que le RN entend investir car ayant des positions opposée au président, tant sur l'Europe, la défense, l'immigration, l'Ukraine, la Palestine, la Russie ...

On imagine l'insupportable souffrance qui sera celle d' un homme super-actif qui voulait changer le monde, et qui sera contraint de regarder passivement gouverner des gens qu'il méprise, et dont il se voulait être le rempart contre leur accession au pouvoir. 
S'il n'a pas l'abnégation suffisante pour tenir trois années, il ne lui restera que la dissolution de l'Assemblée dans un an ou plus, ou la démission avant la fin de son mandat ! Sombres perspectives !

Et ensuite

Le RN n'a jamais été un parti de gouvernement, et jusqu'à il y a peu, n'aspirait pas à l'être. C'est une chose de dire qu'on va changer la vie en augmentant le pouvoir d'achat, en instaurant un sentiment de sécurité, en "refrancisant" la France, en mettant fin à la désertification des campagnes, qu'elle soit médicale ou administrative, c'en est une autre de le faire et d'en instiller le sentiment dans la population.
Dans un monde financiarisé et à l'économie mondialisée, dans une France intégrée à l'Europe, endettée et à l'économie dépendante de l'extérieur tant pour ses importations et exportations que pour sa main d'oeuvre et ses emprunts, les marges de manoeuvre d'un gouvernement, quel qu'il soit, sont très limitées. Les français aiment à croire au grand soir annonciateur d'un monde meilleur, mais ce n'est qu'une illusion : à la mise en oeuvre en 1981 des promesses de la gauche, a succédé le coup de barre à droite de 1983 !

Si le Nouveau Front Populaire a remis au goût du jour le programme commun et les illusoires promesses qui vont avec, le RN s'en est bien gardé, et au contraire même revient sur des vieux engagements.
Et si les français étaient déçus, alors la gauche et Mélanchon, qui en est la seule incarnation aujourd'hui, pourraient bien retrouver le sourire ... et la présidence de la république. 

Macron aurait perdu, en plus, son image dans l'Histoire !

Macron déambulant au Touquet après avoir voté - ridicule et indécent