En politique comme dans tout, le plus fort est celui qui a le moins de scrupules. Et Poutine n'en a guère. Son objectif n'a jamais été de vaincre Daesch ou virer le dictateur assassin Assad. Mais d'humilier l'occident, d'une part, qui a cru il y a quelques années que le destin de la Russie était derrière elle, et d'asseoir son influence en Syrie, ensuite, en contribuant de manière déterminante à aider Assad à maintenir son pouvoir. Il est proche de gagner sur les deux tableaux, il attaque Alep le jour même du début des négociations voulues par l'Occident entre les parties syriennes, et il participe à la guerre sans les chichis des occidentaux qui répugnent à aider à se maintenir au pouvoir un chef d'Etat assassin de plusieurs centaines de milliers de personnes de son peuple.
Pour l'heure, la morale est du côté occidental. Elle sera vaincue, comme toujours, par l'absence de scrupules.
Alliée à l'ambition, l'absence de scrupules mène au pouvoir et à la richesse.
Ainsi des rois et des seigneurs de l'ancien régime, qui ont tous bâti leur fortune et leurs châteaux sur le dos des peuples. Ainsi de l'Europe qui a assis son démarrage économique à partir du 15ème siècle au dépens des pays non développés en Amérique du Sud, Afrique et Asie. Et qui avant de partir, ont procédé à des découpages dans leur seul intérêt, cause aujourd'hui de désordres insolubles. Ainsi de ces grandes entreprises multi-nationales qui sont prêtes à tout pour amasser des profits, même à vendre des produits toxiques pour l'homme et la planète, et refusent avec un cynisme éhonté de reconnaître la réalité et de rendre des comptes. Ainsi de la hiérarchie de l'église catholique, qui s'est montrée dans l'histoire toujours plus intéressée par le pouvoir temporel et les richesses matérielles que par le message humaniste du Christ. Ainsi des hommes politiques, qui n'hésitent pas à tout promettre en campagne, même l'irréalisable, et oublient tout une fois élus.
L'histoire du monde est l'histoire de rapports de force. A cupidité égale, le vainqueur sera celui qui sera le moins corseté par ses scrupules. Les religions n'ont-elles pas été créés pour fixer des limites à la violence que font subir les cupides aux autres aux fins d'assouvir leur soif de pouvoir, richesse et plaisir?
Poutine va donc gagner, il va mettre à bas les opposants à Assad, rétablir Assad à la tête d'une grande Syrie, féale de la Russie, et l'occident, encore une fois, aura été un tigre de papier. Il ne faut d'ailleurs pas le regretter, chaque fois que l'occident est allé plus loin dans ses interventions, le remède a été infiniment plus douloureux que le mal - Vietnam, Afghanistan, Somalie, Irak, Syrie, Libye et moult pays africains.
En matière de pouvoir, politique et économique, la morale n'est jamais sauve.