Tramp, Sanders, le Front National et autres partis d'extrême droite voguent sur ce douloureux constat, que n'ont pas su faire les partis traditionnels. Ceux-ci ont tout accepté de la mondialisation, libre-échangisme, pouvoir des oligopoles, financiarisation, plans sociaux, délocalisations du travail et des décisions, précarisation et paupérisation, indifférents aux sorts de la plus grande partie de la population, sacrifiée ou en menace de l'être sur l'autel de l'enrichissement des actionnaires.
Il ne faut pas voir plus loin la perte totale d'audience du PS chez les ouvriers. C'est aujourd'hui le FN qui est perçu comme le parti qui défend leurs intérêts, pas le PS.
On n'arrêtera pas la mondialisation, et encore moins le progrès technologique. Mais le rôle des Etats, et encore plus ceux gouvernés par des partis de gauche, est bien d'en corriger les aspérités, d'en limiter et compenser les injustices, d'en sanctionner les abus.
Il en va du maintien du consensus social, sans lequel nos démocraties seront balayées.
Complexée par la peur d'être taxée d'ignorance en économie, la gauche au pouvoir résiste difficilement à la tentation d'une politique de droite dans le but d' avoir la reconnaissance des patrons et des élites. Alors que le chômage croît inexorablement en France depuis 30 ans, la gauche ne trouve rien de mieux qu'à faciliter encore les licenciements, acceptant l'idée du Médef que les patrons embaucheront s'ils savent qu'ils peuvent embaucher. Alors que 85% des nouveaux contrats de travail sont des CDD sous-payés, la gauche renonce à être sévère à l'encontre de ces pratiques qui ramènent la condition du salariè à celle du serf médiéval. Alors que des patrons se versent des rémunérations équivalant à celle de centaines de salariés, la gauche se tait, incapable de crier au scandale.
La mondialisation a accru le nombre des très riches, mais ils ne sont et seront toujours qu'une poignée. Elle a enrichi et accru une troupe de cadres supérieurs, que les patrons s'attachent et achètent le silence par des hauts salaires et des bonus sous toutes leurs formes.
Mais elle a rejeté dans le fossé une armée de chômeurs. Mais elle a paupérisé l'armée des travailleurs, qui produit pourtant les richesses des entreprises.
Au total, la mondialisation a créé plus de misère et de peur que de bien-être. C'est aux politiques de corriger le tir, aux Etats de corriger les excès du systéme, d'y introduire de l'éthique, à défaut de morale, de protéger les plus faibles et de faire en sorte que les fruits de la croissance soient partagés par tous.
La gauche a failli, comme la droite. C'est le message de Tramp et Sanders, et leurs succès sont la conséquence de la souffrance d'une partie croissante de la population. Ce sera le grand défi des prochaines années que de réussir à remettre du coeur et du sens dans nos activités, et droites et gauches confondues feraient bien de tirer les bons enseignements de ce qui se passe aux EU, au-delà de la personnalité même des deux protagonistes.