Est-ce juste, équitable, qu'une petite poignée d'hyper-privilégiés auto-désignés décide du sort de dizaine de milliers d'hommes ? On sait que les fusions jettent sur le bas-côté de la route des milliers de personnes qui n'ont pas démérité pour autant, simplement parce qu'ils sont au mauvais endroit, au mauvais moment. Parce que le but affiché ou non de toute fusion est bien de produire plus, avec un prix de revient moindre.
Une telle fusion ne sert plus à rien. Elle est néfaste pour les salariés, pour l'Etat, pour le pays qui y perd des milliers d'emplois, pour les salariés pour qui le travail n'a plus de sens, pour la planète qui subit les conséquences des objectifs toujours plus grands de croissance de la production.
Partout dans le monde, la mondialisation et le capitalisme financiarisé sont contestés et donnent lieu à des révoltes sociales. On croit de moins en moins dans le progrès, on regarde avec réserve ces entreprises qui forcent à consommer ce dont on n'a pas besoin, qui fabriquent des produits néfastes pour la planète comme pour notre santé, qui broient les hommes qui y travaillent par la course à la productivité et le chantage permanent à l'emploi érigé en instrument de gestion.
Il est remarquable que personne ne soit choqué du fonctionnement dictatorial des grandes entreprises. Grassement rémunérés et/ou membres du clan, les administrateurs n'ont jamais été un contre-pouvoir. Peut-on imaginer un administrateur rémunéré quelques dizaines ou centaines de milliers d'euros par an s'opposer aux choix du président qui l'a choisi ? Quant aux actionnaires, obnubilés par les dividendes reçus et le cours de l'action, ils sont prêts à gober toutes les promesses qu'on leur présente.
Et les salariés? Après tout, plus encore que le pdg et son staff, ce sont eux qui font la richesse et la prospérité de l'entreprise. Pourtant ils n'ont aucun pouvoir. Les syndicats ne s'occupent plus guère que d'hygiène et de sécurité, et leur représentant au conseil n'a que voix consultative.
Il est imaginable pourtant de rêver que ces choix stratégiques qui mettent profondément en cause l'avenir de l'entreprise et des hommes et femmes qui la composent et la font soient soumis à leur délibération. D'autant que ces mêmes salariés subiront ces choix pendant des années, bien après le passage souvent éclair des pdg et dg.
La démocratie ne peut pas être seulement politique.
La vie au travail façonne la vie des gens, tout autant voire plus que la vie politique. Alors ils doivent pouvoir se prononcer sur ce qui engage leur vie.
Les pdg passent, les salariés restent. Les premiers visent à s'enrichir rapidement, la rapacité des dirigeants des entreprises du cac 40 en témoigne, les seconds ont pas nature un intérêt à long terme.
Tant qu'il y aura des Carlos Tavares à la tête des grands groupes, le capitalisme continuera à créer de l'injustice sociale, à détruire les hommes, à mener la planète à sa destruction.
On peut croire, malheureusement, que le mouvement des gilets jaunes a un bel avenir mondial devant lui.