Hamon a gagné parce qu'il n'y avait pas d'autre vraie alternative. Le premier surpris de sa victoire a sans doute été lui-même, et il ne donne pas le sentiment d'avoir vraiment envie d'être président. Dans le vide abyssal de la gauche, dans son effondrement doctrinal et ses interrogations existentielles, Hamon a eu une trouvaille géniale: le revenu universel. C'est une belle idée, généreuse, intéressante, testée par çi par là à toute petite échelle. Mais de là à la mettre en place à l'échelle d'une nation, il y a un grand pas, que Hamon, candidat à l'improbable succès a osé franchir.
Sûr qu'une fois élu, si cela devait arriver, il y aurait un savant retour en arrière.
Mélanchon caracole en tête de la gauche. Grace à son programme? C'est l'homme qui plait, ses paroles qui se veulent proches des préoccupations des gens, son talent oratoire, sa culture et son humour, ses colères aussi. Mélanchon l'insoumis, ça plait en ces temps de résignation. Il a un programme certes, mais qui le connait, qui a lu son gros livre?
Valls a été sorti prématurément du jeu. Au pouvoir pourtant il n'a pas démérité, il s'est montré à la hauteur, et tout le monde s'accorde sur sa stature d'homme d'Etat. Mais l'homme ne plait pas, paraisant toujours en colère, pessimiste, bougon, criant après moi le déluge. Ce n'est pas sur son programme que Valla a été battu, c'est sa personnalité même qui a déplu et l'a conduit à l'échec.