Un monde de tricheurs

Le 09/10/2015

Dans Humeurs

Wolkswagen, n°1 mondial de l'auto, a triché sur les normes de pollution. Les grandes entreprises multi-nationales trichent pour loger leurs profits là où ils sont les moins imposés. Les banques patrimoniales trichent pour placer dans des paradis fiscaux le patrimoine de leurs clients fortunés.

 

Les entreprises trichent pour obtenir des fichiers de clients qu'ils vendent ensuite à qui veut les acheter. Elles trichent pour nous faire croire que leurs produits sont les meilleurs du monde, et qu'ils sont indispensables à notre bonheur. Comme Danone quand il veut faire croire au consommateur moyen que ses produits assurent une bonne santé, même quand, pour le lait en poudre par exemple, ils tuent des enfants. Les employeurs trichent quand ils délaissent les CDI pour des CDD, dans le seul but de baisser la charge salariale et d'échapper à la protection offerte par le droit du travail. On triche encore quand on met en avant la concurrence internationale et les gains de compétitivité qu'elle nécessite, pour justifier des baisses d'effectifs et la stagnation des salaires, alors que les distributions de dividendes aux actionnaires et de bonus aux cadres supérieurs atteignent des sommets. Les hommes politiques trichent, quand ils veulent nous faire croire qu'ils ont le pouvoir de faire changer les choses, alors qu'ils sont impuissants face aux multi-nationales.
Sans concurrence idéologique depuis la chute du communisme, et sans contre-pouvoir des Etats qui sont impuissants à régenter des entreprises qui les transcendent, le capitalisme s'en donne à coeur joie, et se joue des réglementations et autres gesticulations des Etats.
Malgré les promesses des politiques, la concurrence sociale bat son plein; Irlande, Luxembourg, Pologne et autres pays de l'Est brillent par leurs bas salaires ou leurs règles fiscales avantageuses.
Les entreprises de tous pays y répondent avec enthousiasme, à la plus grande fortune des actionnaires et équipes de direction, au grand dam des salariés, qui perdent pouvoir d'achat et emploi, et des Etats, qui perdent pouvoir et recettes fiscales.
L'économique gouverne le monde, bien au-delà de ce que présageait Karl Marx. Dans une économie mondialisée, le sous-emploi est la règle. Avec lui, le chantage à l'emploi émiette le pouvoir des salariés et des syndicats, soumet les Etats au diktat des entreprises, fait accepter par les salariés une pression inégalée, abaisse la condition du consommateur de roi à esclave.
De moins en moins de personnes amassent de plus en plus de pouvoir et d'argent. A eux les parachutes dorés, les rémunérations annuelles insensées, les belles villas dans les îles, et les fonds d'investissement dans les paradis fiscaux.
Petit à petit pourtant le scandale est dénoncé. Des voix s'élèvent qui crient contre cette folle course en avant du capitalisme, qui baffoue toutes les valeurs, accroît les inégalités, détruit les ressources de la planète. Les élites ne travaillent plus que pour leur fortune, les autres sont prêts à tout pour conserver un travail qui s'apparente de plus en plus à un pacte avec le diable, imposant silence à la conscience.
Tout excès entraîne son contraire. Quand le monde sera devenu totalement insupportable, que se passera-t-il ?