Les écologistes de tous bords s'affichent pour proclamer leur refus d'un retour au monde d'avant, destructeur de la planète. Ils voudraient casser le monde d'aujourd'hui, et repartir sur quelque chose d'autre, sans bien préciser quoi.
Mais ce monde d'aujourd'hui n'a pas été créé ex-nihilo par un imperator, il est le prolongement du monde d'avant. On ne rompt pas d'un claquement de doigt des organisations sociales qui ont des millénaires.
De tout temps, les sociétés humaines ont reposé sur le travail. C'était le cas en Mésopotamie, en Grèce, en Egypte, en Chine. Il a lieu dans l'administration, dans des ateliers, des commerces, à la campagne. Le progrès technique, l'accroissement des populations, ont agrandi les usines, facilité les échanges, accru la productivité, modifié les organisations. Mais le principe est resté le même.
Un pas crucial a été franchi d'abord avec le taylorisme, qui en saucissonnant les taches a fait perdre au travail une grande partie de son intérêt, et a amené le déclassement de la classe ouvrière, puis avec le capitalisme, qui a hissé haut le pouvoir de l'actionnaire, sacralisé par la mondialisation financière.
La sacralisation de l'actionnaire à poussé le système à l'absurdité dans laquelle il se débat aujourd'hui, en faisant du profit et son accaparement par quelques uns la finalité première de l'entreprise, bien au-dessus de la satisfaction client, du bien-être des salariés, de l'intérêt de l'Etat et de la collectivité. Il a généré une logique de gestion, que tous les gouvernements de tous les pays ont adoptée pour la gestion des services publics.
Si monde nouveau il doit y avoir, c'est cela qu'il faut changer, cette suprématie du profit. Le profit doit être un moyen, non une fin, le moyen d'assurer la pérennité de l'entreprise, non celui d'apporter la fortune à quelques uns.
En attendant, la priorité est au redémarrage de la machine économique, la situation actuelle étant mortifère pour des centaines de milliers de personnes.