Le gouvernement joue Serge Lama, qui, après l'aventure de la déchéance de nationalité, se lance dans celle bien plus périlleuse de la réforme du code de travail.
D'autant qu'elle est à sens unique, puisqu'elle diminue la protection et les droits des salariés, sans instaurer d'obligations aux entreprises, qui ont pourtant montré ces dernières années des pratiques égoïstes et blamables.
Beaucoup de français étaient sans doute prêts à discuter de certains assouplissements du droit du travail pour apporter la fameuse flexibilité présumée faciliter l'emploi. Mais depuis des années, c'est la France moyenne, les ouvriers, employés, cadres moyens, qui trinquent le plus, en voyant stagner, voire baisser, leur pouvoir d'achat. C'est elle qui, la première, est victime des licenciements économiques et des délocalisations. C'est elle qui, la première, subit la précarisation de l'emploi, l'essor des CDD et stages qui se renouvellent désespérément, et interdisent tout projet de vie. C'est à elle qu'on jette la crise en pâture pour justifier la stagnation des salaires, alors que les élites continuent à s'engraisser.
Car pendant le même temps, les rémunérations des grands patrons s'envolent, jusqu'à recevoir pour certains plusieurs millions d'euros avant même d'avoir passé le pas de la porte. Salaires mirobolants, bonus et parts variables, stock-options, parachutes scandaleusement dorés, primes de licenciement indéçantes, sont l'envers choquant de la paupérisation de la classe moyenne. Pourquoi un smicard devrait-il être satisfait de 1140€ net par mois, quand son PDG en reçoit plusieurs centaines de milliers, hors les juteux a-côtés, et qu'il se fait voter par ses camarades administrateurs des augmentations substantielles? On souhaite plafonner les indemnités de licenciement des salariés? Pourquoi ne veut-on pas en faire autant pour les rémunérations des patrons et cadres supérieurs, sans oublier les administrateurs, dont le niveau des jetons de présence a explosé ces dernières années, pour un travail qui est à démontrer, ni les actionnaires qui ont vu les dividendes s'envoler depuis dix ans. A ce qu'on sache, c'est bien la force de travail qui est la source première de l'accroissement de valeur de l'entreprise. C'est pourtant elle qui en profite le moins et qu'on paupérise.
La rigueur ne vise que les plus modestes, c'est ça qui est inacceptable et justifie le tsunami de protestation. Toujours taper sur les plus pauvres!