La grande idée du XXème s., l'Europe, se délite. Voulue pour assurer la paix d'abord, la prospérité économique de ses membres ensuite, à avoir voulu privilégier l'intégration horizontale au lieu de verticale, elle est devenue un pachyderme ingouvernable, paralysé par la bureaucratie et surtout le pouvoir de chacun des Etats membres de bloquer les décisions. Elle est devenue l'âne de la fable, que certains de plus en plus nombreux stigmatisent sans fin, pour en faire la source de tous les maux.
Après la fin du rêve communiste, le capitalisme jubilatoire, galavanisé par la mondialisation et la financiarisation du monde, s'est transformé en système à broyer les hommes et tuer la planète. Les multi-nationales de tous pays sont désormais maitresses de leurs choix, les Etats n'étant plus que des spectateurs impuissants. Partout dans le monde développé les classes moyennes stagnent ou régressent, les actionnaires et les cadres dirigeants voient leurs rémunérations atteindre des niveaux lunaires - 14 millions d'euros par an pour le pdg de Mercédès, soit 1000 années de smic -, le sentiment d'injustice sociale repart de plus belle. Dans la course à la productivité et aux profits, le travail a perdu son sens, la reconnaissance manque, chômage et précarisation s'étendent.
La planète est en danger, la pollution détruit de plus en plus de vie, les espèces animales sont quasi toutes en disparition, le réchauffement climatique est une menace sévère, et à pas très long terme.
La guerre fait rage au Moyen-Orient, la famine n'est pas éradiquée, loin s'en faut, et la menace climatique ne va pas dans le bon sens. La première puissance mondiale est gouvernée par un narcissique inculte et imprévisible, sans réelle vision autre que bassement populiste, et bien capable d'engager le monde dans des engrenages guerriers. Le patron de la Russie est plus "sage", mais est à l'affût de la première bourde de Trump pour poursuivre son chemin vers le remake de la grande Russie éternelle. La Chine dépassera bientôt les EU, mais son avenir ne manquera pas d'être perturbé par une insuffisante répartition des fruits de la croissance, et par une envie, un jour, de démocratie.
La technologie continue elle aussi d'avancer, améliorant notre santé et nos conditions de vie, mais créant disparition d'entreprises et menaces sur l'emploi. Les économistes diront que sur la durée le progrès technique est créateur d'emplois. Sans doute. Il reste qu'à court terme, l'automatisation et la robotisation sont anxiogènes, car les personnes dont les postes sont supprimés n'ont que peu de chance de retrouver du travail. A eux comme perspectives paupérisation et exclusion.